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25 novembre 2006

Croyants et philosophes

ferry_apprendre_a_vivreLaconis m'a conseillé l'ouvrage du philosophe Luc Ferry, son Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations. Soulignons d'emblée que Ferry tient ses promesses : sans jargon et très didactique, son livre me donnerait presque l'impression que je peux comprendre la philosophie.

J'ai tellement compris (mais peut-être pas, finalement ?) que je suis même en désaccord avec lui, sur certains points, à commencer par la frontière qu'il établit entre les croyants et les philosophes.

Pour lui, le croyant ne saurait être philosophe, car il a résolu l'angoisse de la mort par la Foi, ce qu'il analyse par une capitulation de la Raison au profit de la croyance. En effet, le croyant admet que quel que soit le travail qu'il fait de sa raison, il y a un moment où il doit admettre des choses sans les comprendre et faire confiance. Cependant, sa situation n'est pas si opposée, à mon avis, à celle du philosophe, pour 4 raisons au moins.

  • Ferry part du principe que ce qui fait adhérer le croyant à sa Foi, c'est l'angoisse de la mort qu'il a résolue de cette façon. C'est là prendre un point de vue de philosophe, qui imagine le croyant à la croisée des chemins Raison ou Foi. Le croyant lui, sait bien que ce qui le fait adhérer à sa foi, c'est qu'elle s'impose à lui. L'idée d'une vie après la mort, pour séduisante qu'elle soit, n'est pas la raison de sa foi, car la foi est si éloignée de la raison qu'elle n'est même pas un renoncement à l'exercice de la raison. Pour autant qu'il ait la foi, le croyant ne cesse pas forcément de réfléchir et de douter : chez les croyants comme les incroyants, il y a ceux qui se posent des questions et ceux qui ne s'en posent pas.
  • Par ailleurs, la foi en une vie après la mort n'est pas une consolation, quoi qu'on en pense, contre la séparation et la souffrance qui doivent être subies par tous, croyant ou incroyant. La foi est pour certains une consolation, pas pour tous, et pas toujours pour la même chose : elle peut être une consolation contre l'injustice. La croyance en un Monde Juste est peut-être une façon d'accepter l'injustice contre laquelle nous sommes impuissants.
  • Ensuite, penser que le philosophe ne renonce jamais à la raison au profit de la croyance est une idée candide il me semble. Il est autant de philosophies que de philosophes. Si la raison était autant à l'oeuvre chez les philosophes, au détriment de toute influence personnelle liée au passé ou au contexte, tous arriveraient au même résultat sans doute. Si l'exercice pur de la Raison permet autant de réponses différentes, eh bien, peut-être ne faudrait-il pas l'estimer si supérieure à la foi ;
  • Enfin, l'existence de la foi n'est en rien incompatible avec l'exercice de la Raison : ce qui est contestable, c'est lorsque la foi impose un point d'arrivée à la raison, comme le voit ces temps-ci avec l'antidarwinisme en vogue aux Etats-Unis, mais aussi ailleurs.

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